Anselm Kiefer, Tannhaüser

Anselm Kiefer, Tannhaüser
Musée Würth, Erstein, mai 2009 (photo personnelle)
Un seuil est inquiétant. Il matérialise une frontière, marque la séparation avec un ailleurs, lieu encore non pénétré, inconnu, menaçant ... mais si attrayant! La femme de Barbe-Bleue est prête à tout pour le franchir, consciente cependant du danger qui la guette.
Un seuil est une limite imperceptible: un pas, et l'on est déjà de l'autre côté. Être au seuil de la vieillesse, c'est flirter avec elle tout en espérant toujours rester du bon côté. Il y a des seuils qu'on voudrait des murailles...
Certains seuils pourtant sont franchis sans qu'on s'en aperçoive, tellement ils savent se faire discrets. Mais ceux-ci ont presque disparu: le seuil survit-il à son franchissement?
Zone de rencontre, le seuil est aussi ouverture: menant parfois vers l'inconnu, il permet le contact, rend proche ce qui semble ne pouvoir se toucher. Un seuil est un frôlement: d'ailleurs, comment définir ce qui appartient encore à la vie et ce qui est déjà la mort? Du seuil, un souffle nous parvient, on respire l'air d'ailleurs.La vie nous fait franchir des seuils, ou tout juste empiéter sur eux. Ils nous repoussent ou nous fascinent.
Les seuils organisent nos déplacement, nous attirent d'un monde à l'autre, séparations fictives ou dérisoires: on croyait être ici, on est au-delà.

mercredi 22 décembre 2010

Mort et amour selon Wittkop : voyage en Nécrophilie...

Hans Bellmer, Poupée

Aujourd'hui 22 décembre 2010, cela fait huit ans que Gabrielle Wittkop a quitté ce monde. Ed Wood en sa Taverne et moi-même avons souhaité lui rendre hommage aujourd'hui à travers nos deux lectures du Nécrophile, oeuvre sulfureuse, fascinante et invitant à un questionnement intime...
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   « Cet éclat renversant du ciel est celui de la mort elle-même. Ma tête tourne dans le ciel. Jamais la tête ne tourne mieux que dans sa mort. » 
(Georges Bataille, Ma mère,  Jean-Jacques Pauvert, 1966)
 
   Lucien N. caresse la chair refroidie, effleure  les contours d’un visage qu’aucun souffle ne vient plus animer, perd ses doigts dans une chevelure éteinte, hume sur les  corps l’odeur subtile de bombyx qui précède leur corruption. Il ne peut aimer que les morts. Le Nécrophile, journal intime d’un collectionneur, s’ouvre sur l’insoutenable. Ou alors, sur ce qui devrait l’être. Les dates s’égrènent dans un cortège de rencontres soigneusement mises en scène. En effet, Lucien est à l’affût, guettant chaque occasion d’assouvir ce que l’on considère comme une passion contre nature, cet amour exclusif pour des cadavres… Or jamais ou presque ce mot, « cadavre », n’est employé par le narrateur. Ces morts sont l’objet de tous ses soins, de sa tendresse aussi, et de son désir. Les aimer après leur mort est un moyen de leur rendre ce dont la mort les a privés : la contemplation de leur corps, une amoureuse attention, le contact d’une peau, des sentiments intenses pour ce que les autres ne considèrent que comme une enveloppe bonne à jeter, au mieux à cacher. Il les voit comme des « compagnons » - c’est le mot qu’il emploie, rompant leur solitude irrémédiable après les avoir cherchés au royaume des morts.
   Il vole ces dépouilles dans les chambres funéraires, dans les cimetières, au gré des informations qu’il a pu rassembler ou au hasard des circonstances. Cet amour rapproche des êtres que tout sépare : jeunes femmes, vieilles, hommes, enfants, sans aucune limite ni contrainte. Des anonymes, comme cette « demoiselle d’Ivry », cette vierge dont le sexe n’a jamais servi de son vivant, « femme-buvard » qui absorbe mystérieusement la semence du Nécrophile, mêlant au plus intime vie et mort, promesse d’une naissance et Léthé, « morte-vive dont la chair palpitante [sait] si bien entourer la [sienne] et absorber [sa] substance ». Avec chaque corps recueilli il va jusqu’au bout de l’acte, inspectant chaque parcelle de cette chair, posant son regard sur chaque repli, dans une intense contemplation, une fièvre de connaissance, mais aussi avec tact et délicatesse, honorant ces morts plutôt que les profanant. Leur arrivée dans la chambre où il se livre à sa passion est organisée selon un rituel adapté à chacun : le corps est l’objet d’un culte particulier ayant pour but d’établir entre Lucien et le mort une relation personnelle et intime. Collectionneur de netsuke macabres, ces figurines érotiques mettant en scène des ébats qui pourraient paraître sordides et dont pourtant Koshi Muramato, maître du XVIIIe siècle, fait des œuvres très recherchées, « mortes sodomisées par des hyènes, succubes fellateurs, squelettes masturbateurs, cadavres enlacés comme des nœuds de vipères, fantômes dévorateurs de fœtus, courtisanes s’empalant sur la rigidité d’un mort… », il n’associe pas sa quête à une quelconque recherche de sensations horribles. Au contraire, et c’est en grande partie ce qui fait la force de ce roman hors norme, le récit de ses ébats ne révulse pas, n’épouvante pas, le lecteur se trouvant emporté bien au-delà de ce qu’il supposait pouvoir supporter, transporté par les mots, la beauté de ces phrases ciselées avec une précision raffinée. Mais le style d’un auteur, aussi beau soit-il, ne peut expliquer cette étrange adhésion que le texte provoque. L’on s’attendrait à n’éprouver à cette lecture que dégoût et colère, tant Lucien N. nous éloigne de nous-mêmes à travers la description de cette passion. Mystérieusement, le texte nous emporte bien au-delà de ce que nous croyions être capables de supporter. 
Gustave Doré, Paolo et Francesca

   Il ne s’agit pas de sympathie ou même d’empathie. L’étrange relation qui se noue entre le lecteur et ce roman est faite de fascination, que d’aucuns pourraient croire malsaine, mais il n’en est rien. Le Nécrophile atteint en chacun de nous une zone sensible et reculée, située dans les ténèbres de notre inconscient : la relation que nous entretenons avec l’idée de la mort, en particulier du corps mort, est ici remise en question. En effet, le moment de la mort est symboliquement associé à la notion de la séparation de l’âme et du corps. Celui-ci, privé de vie, est dépouillé de son humanité, ravalé au rang d’objet, mais, paradoxalement, entouré d’un immense respect. Manifester son affection à cette enveloppe privée de vie et menacée par la corruption paraît déplacé ; nos sociétés, d’ailleurs, cachent de plus en plus souvent le spectacle d’un cadavre, considéré comme choquant, obscène même. Faire d’un mort l’objet d’une passion sensuelle, le soumettre à des relations sexuelles est une atteinte au sacré. D’ailleurs, Gabrielle Wittkop s’oblige à livrer une explication psychanalytique à cette attraction morbide : Lucien N., enfant, a éprouvé sa première extase érotique à huit ans,  devant la dépouille de sa mère.
    Grand-mère sanglotait. « Embrasse ta maman encore une fois », me dit-elle en me poussant vers le lit. Je me haussai vers cette femme merveilleuse allongée parmi la blancheur du linge. Je posai mes lèvres sur son visage de cire, je serrai ces épaules dans mes petits bras, je respirai son odeur enivrante. C’était celle des bombyx que le professeur d’histoire naturelle nous avait distribués à l’école et que j’élevais dans une boîte en carton. Cette odeur fine, sèche, musquée, de feuilles, de larves et de pierres, sortait des lèvres de maman, elle était déjà répandue dans sa chevelure comme un parfum. Et soudain, la volupté interrompue ressaisit ma chair enfantine avec une brusquerie déconcertante. Pressé contre la hanche de maman, je me sentis parcouru d’une commotion délicieuse, tandis que je m’épanchai pour la première fois.

  La coïncidence entre la mort de la mère et le premier émoi empêche le narrateur de désirer un corps vivant. Sa recherche, pourtant, n’est pas de retrouver ce contact maternel – qui, déjà, est choquant dans l’amalgame qu’il opère entre l’amour filial et le désir sexuel, Œdipe réalisé au moment où, justement, la mère s’est éloignée définitivement. L’existence du Nécrophile commence par cet acte à la fois incontrôlé et fondateur qui le place dans l’impossibilité de trouver l’épanouissement dans une sexualité naturelle. Il revendique pourtant son étrangeté :
   On parle du sexe sous toutes ses formes, sauf une. La nécrophilie n’est ni tolérée des gouvernements ni approuvée des jeunesses contestataires. Amour nécrophilique, le seul qui soit pur, puisque même amor intellectualis, cette grande rose blanche, attend d’être payé de retour. Pas de contrepartie pour le nécrophile amoureux, le don qu’il fait de lui-même n’éveille aucun élan.
Masque mortuaire de L'Inconnue de la Seine

   Ainsi, à travers ces actes révoltants pour le commun des mortels, Lucien N. se voue à une œuvre impossible : atteindre la pureté par le don de soi absolu, puisqu’il n’y a rien à attendre de l’autre qui n’existe plus qu’en tant que corps privé de sentiment, donc incapable de gratitude ou de tendresse. Mais le narrateur est parfois surpris par les réactions déroutantes de ces corps dont il est l’amant : le sexe vivant de la demoiselle d’Ivry, la révolte de la petite fille « vomisseuse d’encre putride », la bouche de Suzanne s’ouvrant sur des dents belles comme des perles… Il les accepte, s’y adapte, les intègre dans son rituel, et pour chacun, retarde le moment de la séparation, qui, toujours, est source de désespoir. A chaque fois ou presque, c’est la Seine qui accueille ces corps en déliquescence – les signes de décomposition, marbrures violettes, odeurs nauséabondes, préludant au moment où la chair disparaîtra définitivement en s’assimilant à la nature. La séparation d’avec Suzanne est déchirante :
   Au moment où je la laissai glisser dans la Seine, je poussai un cri que j’entendis résonner, comme venu d’une autre planète. Il me sembla qu’on m’arrachait le cœur, qu’on m’arrachait le sexe.
   La Seine avait accueilli son corps, pendant deux semaines saturé de ma sueur et gorgé de ma semence, ma vie, ma mort, mêlées en Suzanne. En elle, j’entrai dans l’Hadès, avec elle, je roulai jusque dans les limons océaniques, m’enchevêtrai dans les algues, me pétrifiai dans les calcaires, circulai dans les veines des coraux… 
   Rentré chez moi, je me jetai sur un lit qui sentait la charogne. Je m’endormis d’un seul coup, brutalement saisi par un sommeil mortel, bercé par les mêmes flots noirs – mare tenebrarum – qui berçaient Suzanne, Suzanne mon amour.

   Le Nécrophile apparaît donc comme celui qui, plutôt que de savourer les plaisirs morbides et interdits d’amours contre nature, souhaite abolir la frontière entre la vie et la mort. La protection d’Hécate, déesse de la nuit et de la mort, accompagnée de ses chiens fantômes, semble lui être accordée puisqu’elle le conduit souvent vers ceux qu’il pourra aimer, comme elle a aidé Déméter à rechercher Perséphone jusqu’au royaume des morts. Mais cette déesse ambiguë se retourne contre lui, le passage du Styx pouvant s’opérer dans les deux sens. Irrémédiablement, Lucien N. est amené à rejoindre ceux qu’il aime d’un amour infini, ces « anges » qui n’appartiennent plus à notre monde et qu’il aurait tant voulu y retenir… Roman du seuil, de la frontière invisible et imperméable entre la vie et la mort, roman de l’inconnu aussi, Le Nécrophile transgresse les tabous pour nous mener à une réflexion sur l’amour, don de soi ou attente d’une réciprocité impossible.

  
 Gabrielle Wittkop, Le Nécrophile, Verticales, 2001 (la première publication a eu lieu en 1972 aux éditions Régine Deforges)



  
  

16 commentaires:

  1. Merci beaucoup, chère Anne-Françoise, pour le très délicat texte que vous nous accordez, en ce jour funèbre, autour du magnifique récit de Gabrielle Wittkop. Qu'il eût été doux, en 1972, que de telles chroniques fussent consacrés à un livre qui fut frappé des trois interdits et dont la notoriété grandit dans l'obscurité des "hors-la-loi". Merci également pour vos deux chroniques autour de La Mort de C. et de L'Almanach perpétuel des harpies. Aujourd'hui, 22 décembre 2010, ayez une pensée pour Gabrielle et n'oubliez pas le champagne! Amicalement, Nikola...

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  2. Merci à vous, Nikola, de nous avoir donné cette envie de découvrir les romans et les récits de Gabrielle Wittkop. La passion avec laquelle vous défendez cette oeuvre nous a entraînés, Christophe et moi, dans ce voyage magnifique, étonnant, que nous avons entrepris avec ferveur et qui ne s'achèvera sans doute jamais... Un voyage qui conduit au-delà de soi-même, qui transforme le lecteur et modifie forvément son regard sur le monde et sur l'écriture.
    Amitiés
    Anne-Françoise

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  3. Encore un très très bel article, qui sait déceler ce qu'a d'émouvante et et d'original le lieu à partir duquel Wittkop écrit sur l'amour, le désir et la mort, lieu qui est une limite tenue entre l'obscène et le pudique,le spontané et le malsain. Bravo
    Yoann

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  4. Merci, Yoann... J'en profite pour te souhaiter de très beaux moments en famille! Bises

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  5. Je l'ai ce livre, il est magnifique

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  6. Bonjour Anne-Françoise,

    Et merci de votre lecture du Nécrophile, vous insistez sur l'amour - je dirais même le respect - que Lucien entretient avec les corps dont vous dites que, jamais, ils ne sont appelés cadavres, mais les faits sont têtus, ce sont des cadavres. Bien sûr, en leur refusant cette appellation G.W. fait œuvre d'écrivain, elle bouscule la langue, elle change notre perception du monde, il y a comme vous le faites remarquer un véritable amour de Lucien pour ces corps qu'ils transportent chez lui et G.W. le fait sans choquer le lecteur, sans grandiloquence, avec le naturel qui sied à quelqu'un qui se met dans la peau d'un nécrophile, mais n'est-ce pas cela qui est choquant ? Comment peut-on aimer la mort, c’est tout à fait contraire au mouvement même de la vie. [Je conçois bien qu’il y a en chacun de nous un désir de retour au bien-être du néant, mais il ne saurait être que secondaire.] ?
    Vous parlez - et G. Wittkop le souligne – de l’attente d’une réciprocité impossible et vous faites de cette incommunicabilité une loi générale au-delà même de ce que vit Lucien, mais Lucien se met dans la position de ne pouvoir communiquer, je ne crois pas du tout que ce soit le cas de tous, même si cette communication reste toujours imparfaite. Cette incommunicabilité est au contraire une revendication, un refus de communiquer de Lucien et sans doute de G.W.
    .../...

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  7. .../...
    Pardonnez-moi donc de ne pas être tout à fait d’accord avec cette vision fascinée que vous et d’autres avez de ce texte, l’analyse que j’en fais peut choquer ou laisser indifférent les partisans d’une belle langue, mais ne faut-il pas se méfier comme de la peste de la belle langue et pire encore de la pureté, et des liens récurrents qui unissent la pureté et la mort ?
    Préférons l'impureté et la vie et ne séparons pas l'écriture de l'écrivain, l'écrivain travaille dans la langue, la langue façonne l'univers de l'écrivain, mais lorsque l'écrivain travaille sa langue, c'est son univers qui entre en scène, son univers linguistique bien sûr, mais son univers. Cela n'enlève rien à l'écriture de Gabrielle Wittkop, mais tenter de voir ce qui la structure me paraît indispensable. On peut ensuite admirer cet univers, se l’approprier, il n’en reste pas moins que cet univers est celui de l’auteur et qu’il résistera toujours aux tentatives de détournement.
    C’est en ce sens que mon analyse diffère sans doute de la vôtre. Dans l’article que vous avez eu l’amabilité de citer, je tente d’avancer une lecture qui désacralise le texte pour apercevoir ce qui se cache derrière son rituel, mais évidemment ce que j’avance ne rend pas compte du plaisir que l’auteur a eu de se réinventer un monde et que le lecteur a de s’y abandonner et peut-être en cela mon analyse passe-t-elle à côté de l’essentiel. J’en ai bien conscience.

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  8. Bonjour Pierre-Vincent,
    il est bon que chaque lecteur ait sa perception de l'oeuvre d'un auteur. Nous n'avons pas lu le Nécrophile de la même façon, c'est évident, mais cela en dit long sur la richesse de ce livre.
    J'ai beaucoup réfléchi à propos de ce livre, m'interrogeant sur les raisons qui faisaient que je n'ai jamais été choquée par cette lecture, ce qui était pour moi inattendu. Et j'ai eu l'intuition - confirmée par la lecture du bouleversant La Mort de C. - qu'en fait, Lucien N., en s'attachant ainsi aux corps morts, tente désespérément de les retenir dans le monde des vivants. Finalement, le Nécrophile est (cela n'engage que moi) celui qui refuse cette séparation. La sexualisation de la relation qu'il instaure pourrait bien en témoigner, puisque la sexualité est tournée vers la vie... Suzanne et la vierge morte-vive en sont la preuve, je crois. Le désespoir qu'il éprouve au moment où il livre les corps aux eaux de la Seine est à la mesure de son échec à les conserver à notre monde.

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  9. Tentative désespérée et douloureuse. Vous avez tout à fait raison. Mais cela ne me fascine pas, ce don de soi absolu me parait tout à fait faux, Lucien n'agit pas pour redonner la vie à ses partenaires mais pour nier leur mort, c'est à lui qu'il pense pas à elles.

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  10. Pourtant, Lucien N. se laisse guider par le hasard, c'est pourquoi ses compagnons sont si différents les uns des autres. Vous évoquez la mort de Lucien dans votre article : pour moi, il choisit de rejoindre les morts au moment où il est privé de cette possibilité de prolonger leur existence. Selon moi, Lucien continue à percevoir les morts comme des êtres à part entière, alors que d'ordinaire la mort d'un proche inhibe en nous certains souvenirs, nous détourne aussi de la mémoire de son corps... Mais je crois que tout cela est affaire si intime que nos lectures diffèrent selon la façon dont nous le vivons. Gabrielle Wittkop est pour moi le seul auteur à avoir su évoquer ces questions profondes et secrètes avec une telle finesse. Si je lie ce roman à La Mort de C., je perçois une extraordinaire cohérence entre ces oeuvres - éclairante, à mon avis : je lis ces deux textes comme une réflexion désespérée et brûlante sur la solitude extrême de ce moment du passage de la vie à la mort. Et aussi, comme le besoin éperdu d'accompagner cette solitude, d'entourer le mourant / le mort de ses soins, de lui communiquer un peu de vie et de chaleur. Mais Gabrielle Wittkop nous enseigne aussi que cette tentative est vaine : Lucien doit se séparer de ces corps, comme personne ne résoudra jamais le mystère de la mort de C. ...

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  11. Pierre-Vincent Guitard27 décembre 2010 à 14:06

    J'en avais l'intention, mais vous réanimez (!) mon envie de lire "La mort de C"

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  12. Bonjour ,
    Je viens de lire votre chronique sur "Le nécrophile " avec beaucoup d'intérêt .Je viens de publier sur mon blog un billet sur ce roman de Gabrielle Wittkop et lors de sa lecture fascination et stupeur : je n'avais rien lu de si singulier !
    Si vous venez jeter un coup d'oeil sur mon article ,vous verrez que j'ai aimé ce livre ; la délicatesse de Lucien N amoureux des morts est fortement émouvante .
    Je dois à Nikola l'envie de lire G.Wittkop ; également à Jean-Baptiste Del Amo qui en fait citation dans "Une éducation libertine " ce qui m'a portée à en savoir davantage .
    Bien cordialement .
    Hécate

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  13. Merci, Hécate. Heureuse que vous évoquiez vous aussi ce texte beau, surprenant, bouleversant. Mais je connaissais déjà votre site...
    Amitiés
    Anne-Françoise

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  14. Je découvre cet article et cet échange superbes 6 ans après leur rédaction ; pour la part...je crois que le trouble jeté par le Necrophile vient de l'évidence du constat qu'il formule : Lucien aime les morts comme nous aimons les vivants. Sans les écouter. En se hatant d'y projeter nos fantasmes, avant que la vie sépare leur corps du notre.
    En tout cas : merci. Et Bravo à vous.

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    1. Chère Céline, je suis navrée de ne vous répondre que plusieurs mois après votre message, mais depuis que je n'ai plus le temps de publier quoi que ce soit, j'ai l'impression que plus personne ne vient lire ces petites chroniques. Si je suis revenue aujourd’hui, c'est ... pour Gabrielle Wittkop ! Savez-vous qu'une maison d'édition indépendante, Le Vampire Actif, vient de publier ses Litanies pour une amante défunte, texte vénéneux qui ressurgit de l'oubli ?
      Je vous remercie beaucoup pour votre lecture bienveillante..

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  15. Très joli ouvrage mettant à nue les coins les plus sombres de l'inconscience, étouffés sous la terreur de la modernité et la liberté. Une sorte de "quelle souffrance vous ferait plaisir ?".
    Chouette ! J'ai beaucoup apprécié cet éloge d'une vie mortifère si joyeusement lugubre.
    Dr David Miller

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