Anselm Kiefer, Tannhaüser

Anselm Kiefer, Tannhaüser
Musée Würth, Erstein, mai 2009 (photo personnelle)
Un seuil est inquiétant. Il matérialise une frontière, marque la séparation avec un ailleurs, lieu encore non pénétré, inconnu, menaçant ... mais si attrayant! La femme de Barbe-Bleue est prête à tout pour le franchir, consciente cependant du danger qui la guette.
Un seuil est une limite imperceptible: un pas, et l'on est déjà de l'autre côté. Être au seuil de la vieillesse, c'est flirter avec elle tout en espérant toujours rester du bon côté. Il y a des seuils qu'on voudrait des murailles...
Certains seuils pourtant sont franchis sans qu'on s'en aperçoive, tellement ils savent se faire discrets. Mais ceux-ci ont presque disparu: le seuil survit-il à son franchissement?
Zone de rencontre, le seuil est aussi ouverture: menant parfois vers l'inconnu, il permet le contact, rend proche ce qui semble ne pouvoir se toucher. Un seuil est un frôlement: d'ailleurs, comment définir ce qui appartient encore à la vie et ce qui est déjà la mort? Du seuil, un souffle nous parvient, on respire l'air d'ailleurs.La vie nous fait franchir des seuils, ou tout juste empiéter sur eux. Ils nous repoussent ou nous fascinent.
Les seuils organisent nos déplacement, nous attirent d'un monde à l'autre, séparations fictives ou dérisoires: on croyait être ici, on est au-delà.

mardi 22 décembre 2009

Je cède à la mode des listes







Plutôt que de rédiger une nouvelle chronique, j’ai envie aujourd’hui de vous proposer une liste non exhaustive des lectures qui m’ont marquée ces derniers temps : il y aura des oublis, des lacunes, des regrets à venir.
Dans le désordre, et comme cela me vient :
Georges Bataille, - Le Bleu du Ciel
- La littérature et le mal
Cormac McCarthy, -La Route
-Suttree
-Méridien de sang
Andrei Tarkovski, Le temps scellé
Roberto Bolaño,- 2666
- Les détectives sauvages
-Le gaucho insupportable
-La littérature nazie en Amérique
Fernando Pessoa,  Le banquier anarchiste
Eric Vuillard, Conquistadors
Jean-Clet Martin, -La Chambre
-Une enquête criminelle de la philosophie
Bruno Tackels, Walter Benjamin, Une vie dans les textes
Walter Benjamin, -Œuvres I, II, III (lues et relues)
- Rêves
Varlam Chalamov, cits de la Kolyma
Vassili Grossmann, Vie et destin
Sade, Les 120 journées de Sodome
Barthes, La chambre claire
Paul Celan, Entretien dans la montagne

J'ai relu (dans le désordre et avec des oublis):
Dostoïevski, -Les Frères Karamazov
- Les Possédés
-L'Idiot
- Les Nuits blanches




Flannery O’Connor, -La sagesse dans le sang
-Les braves gens ne courent pas les rues

Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra
Freud, Totem et tabou

... Je voudrais lire et relire :
Fernando Pessoa, Le livre de l’intranquillité
Vikram Seth, Golden Gate
Les mille et une nuits
Michel Foucault, Histoire de la sexualité
Les oeuvres de Levinas (commencées en cette fin d'année, grâce à Yoann)
Russel Banks, Pourfendeur de nuages (un de ses plus beaux romans)
….
Il se peut que le contenu de cette liste évolue...

9 commentaires:

  1. Que de belles et bonnes lectures !

    J'ai lu "Vie et destin" l'an dernier et, depuis longtemps, un livre ne m'avait autant plu. À la fois tendre et intelligent, on se sent en empathie avec les personnages. Quelques pages à méditer sur le totalitarisme et un morceau d'anthologie : le coup de téléphone au physicien.

    Aux "120 journées de Sodome", je préfère "La philosophie dans le boudoir" (plus drôle) et "Juliette ou Les prospérités du vice", nihiliste à souhait, mais d'un nihilisme assumé et, pour ainsi dire, "heureux".

    Bonne journée à toi, chère Anne-Françoise.

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  2. Cher Marc, je pense en avoir oublié beaucoup - j'ai gardé en mémoire les plus marquantes, sans doute. Les "120 journées" ne sont sans doute pas la lecture la plus réjouissante que j'ai faite, mais elle m'a beaucoup perturbée...J'ai le souvenir d'un terrible fou-rire lors d'un séminaire sur la littérature et le mal, à la lecture par notre gentil prof de la fin des Infortunes de la vertu (la mort de la pauvre Justine nous avait beaucoup amusés - j'en suis encore confuse). D'accord avec toi en ce qui concerne le coup de téléphone d'un moustachu au physicien (nous n'allons tout de même pas tout dévoiler à ceux qui ont encore tout à découvrir de "Vie et destin") : j'ai lu le livre il y a 3 ans, mais l'ai repris après en avoir vu une superbe adaptation par le Théâtre Maly de Saint-Pétersbourg l'hiver dernier.
    J'ai cependant un peu honte de ce dernier "post" sur mon blog : quelle paresse! Je ferai mieux en janvier, j'espère.

    A très bientôt, Marc!

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  3. Pourquoi avoir honte, chère Anne-Françoise ? J'aime ton blog, même si tu n'y écris pas suffisamment.

    Cordialement,

    Marc.

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  4. Cher Marc, si j'avais le temps j'y écrirais plus... Mais un jour, peut-être!

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  5. Je suis bien d'accord avec deux sur l'importance que revêt la lecture de "vie et destin". J'ai tout particulièrement été marqué par les scènes dans le camp d'extermination et la scène où une femme russes donne à manger à un allemand (scène qui est d'après Lévinas une des rares qui puisse illustrer ce qu'il appelle "substitution" et "responsabilité pour autrui").
    Quant à "la route", je viens de finir de le lire suite aux chaudes recommandations d'Anne-Françoise et j'en ai été bouleversé: ça faisait longtemps que je n'avais pas eu la chance de tremper dans un monde romanesque aussi particulier, aussi fort. Et cette fin terrible, mais si grave, si belle, si poignante. Un autre grand merci Anne-Françoise pour tes avis éclairés sur les beaux livres que tu nous fait découvrir, que tu nous donnes envie de lire - et qu'on lit avec un plaisir intense.
    Yoann

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  6. J'en suis toute retournée... Merci Yoann (et à très très bientôt)

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  7. Anne-Françoise, entre 48 biberons, je me lance sur La route... avec le sentiment instinctif d'y retrouver mes deux plus belles émotions, Martin Eden et Pourfendeur de nuage, que je te dois...Promis, je ne polluerai plus ton blog, tu vois François, j'ai osé
    Sophie

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  8. Ben voilà ma Sophie, il suffisait de se lancer! Cela me fait grand plaisir!!! J'attends très prochains messages... Je t'embrasse
    AF

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  9. ...je voulais dire "tes" prochains messages...

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