(Anselm Kiefer, Tannhauser, détail, photo personnelle)
Le livre revêt une importance capitale dans l’œuvre de Kiefer. Ses pages s’insèrent dans ses toiles désolées, ses piles de plomb reposent en équilibre instable sur le sol bétonné ; ils menacent, lourdement rangés sur les rayonnages d’improbables bibliothèques… Chargés de mémoire, ils témoignent, pesants d’un passé glorieux et violent.
L’artiste, dont les travaux s’inscrivent dans une démarche labyrinthique, constamment repris, réinventés, ne cesse de porter le deuil d’une histoire destructrice. Ainsi, tout naturellement, il consacre quatre de ses toiles magistrales à Paul Celan, dont les phrases se dessinent sur le mur de la galerie Thaddaeus Ropac à Paris, en 2006 :
« Je suis seul, je mets la fleur de cendre
dans le verre rempli de noirceur mûrie. Bouche sœur,
tu prononces un mot qui survit devant les fenêtres,
et sans un bruit, le long de moi, grimpe ce que je rêvais. »
(Paul Celan, Pavot et mémoire, 1952, traduit par Jean-Pierre Lefebvre)
Tannhaüser, présenté en ce moment au musée Würth d’Erstein, s’élève gris contre un mur blanc. Pile de livres préparés pour un autodafé, que les fagots s’apprêtent à consumer, pour une cérémonie de sinistre mémoire ? Ou alors jaillissement, naissance ? Les branches s’échappant du monticule ressuscitent-elles l’âme de l’Allemagne compromise, détruite par le nazisme ? Cette sombre période est en effet omniprésente chez Anselm Kiefer. A 25 ans, il voyage dans de grandes villes d’Europe où il se photographie faisant le salut nazi. L’œuvre de Kiefer est rappel, expiation, empreinte de la conscience douloureuse d’un pays victime et coupable à la fois. Mais en célébrant Celan, le peintre (que ce mot est impropre à le définir !) renoue le lien entre les hommes ; ainsi, la « noirceur » présente à la fois dans le poème et dans la suie qui macule les amas de livres est à la fois trace du désastre et trait d’union. De la cendre renaîtra l’humanité. Reliant les esprits, intégrant toutes les techniques de représentation visuelles (photographie, peinture, sculpture…), l’œuvre crée un syncrétisme entre les arts, la littérature, la philosophie, et touche à l’universel.
L’artiste, dont les travaux s’inscrivent dans une démarche labyrinthique, constamment repris, réinventés, ne cesse de porter le deuil d’une histoire destructrice. Ainsi, tout naturellement, il consacre quatre de ses toiles magistrales à Paul Celan, dont les phrases se dessinent sur le mur de la galerie Thaddaeus Ropac à Paris, en 2006 :
« Je suis seul, je mets la fleur de cendre
dans le verre rempli de noirceur mûrie. Bouche sœur,
tu prononces un mot qui survit devant les fenêtres,
et sans un bruit, le long de moi, grimpe ce que je rêvais. »
(Paul Celan, Pavot et mémoire, 1952, traduit par Jean-Pierre Lefebvre)
Tannhaüser, présenté en ce moment au musée Würth d’Erstein, s’élève gris contre un mur blanc. Pile de livres préparés pour un autodafé, que les fagots s’apprêtent à consumer, pour une cérémonie de sinistre mémoire ? Ou alors jaillissement, naissance ? Les branches s’échappant du monticule ressuscitent-elles l’âme de l’Allemagne compromise, détruite par le nazisme ? Cette sombre période est en effet omniprésente chez Anselm Kiefer. A 25 ans, il voyage dans de grandes villes d’Europe où il se photographie faisant le salut nazi. L’œuvre de Kiefer est rappel, expiation, empreinte de la conscience douloureuse d’un pays victime et coupable à la fois. Mais en célébrant Celan, le peintre (que ce mot est impropre à le définir !) renoue le lien entre les hommes ; ainsi, la « noirceur » présente à la fois dans le poème et dans la suie qui macule les amas de livres est à la fois trace du désastre et trait d’union. De la cendre renaîtra l’humanité. Reliant les esprits, intégrant toutes les techniques de représentation visuelles (photographie, peinture, sculpture…), l’œuvre crée un syncrétisme entre les arts, la littérature, la philosophie, et touche à l’universel.
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